27 août 2018 Par Isabelle Avran (NVO)

Au pas de charge. Dès la rentrée, l'exécutif entend poursuivre le chantier des réformes économiques, sociales et politiques déjà bien entamé en un an de pouvoir.
Après le démantèlement du droit du travail, la réduction des dépenses publiques, la mise en cause des services publics, les réductions des aides sociales et la pérennisation, au contraire, des aides fiscales aux entreprises et aux plus riches, le locataire de Matignon l'affirme : « À la rentrée, nous n'avons nullement l'intention de ralentir (…) Nous ne lâcherons rien, nous irons jusqu'au bout de notre projet ».
Réformes antisociales
C'est d'abord la loi Pacte (« pour la croissance et la transformation des entreprises ») que le gouvernement soumet au Parlement. Elle prévoit de nouvelles privatisations et répond aux vœux du Medef d'augmenter les seuils sociaux, c'est-à-dire de réduire les obligations sociales économiques et juridiques des entreprises liées au nombre de leurs salariés.
Puis Agnès Buzyn (ministre des Solidarités et de la Santé) doit présenter mi-septembre son « plan Santé » pour une « transformation globale » du système de soins. Après avoir tenté tout l'été de minimiser les conséquences du manque de moyens financiers et humains des hôpitaux (urgences, psychiatrie…) qui s'ajoute à celle des maisons de retraite, elle précise que tout devra se faire à budget constant.
Second chantier de son ministère : le « plan pauvreté », retardé à plusieurs reprises alors que quelque 14 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le gouvernement plaide l'insertion professionnelle des plus précaires pour « sortir d'une logique de guichet » ; mais il s'attaque en fait aux aides aux plus démunis. L'inflation s'envole, mais le Premier ministre annonce un plafonnement de l'augmentation des pensions, APL et allocations familiales à + 0,3 % en 2019 et 2020. En même temps, les bénéfices nets annuels des entreprises du CAC 40 dépassent cette année ceux d'avant-crise : à chacun son « pognon de dingue »… Autre chantier : les retraites, que le gouvernement entend transformer en régime unique en 2019.
Muriel Pénicaud (ministre du Travail) a elle pour nouvelle mission de réformer l'assurance chômage. Au programme, une dégressivité des allocations pour les cadres en dépit des cotisations versées. Poursuivant sa méthode d'annonces unilatérales, qualifiées de concertations, le gouvernement doit recevoir séparément à ce sujet les syndicats patronaux et salariés du 29 août au 4 septembre. Édouard Philippe a aussi annoncé au JDD l'exonération des cotisations salariales sur les heures supplémentaires : un manque à gagner qui pourrait, selon l'OFCE, coûter 3 milliards d'euros et détruire 19 000 emplois.
L'exécutif veut aussi continuer à réduire les dépenses publiques au nom du déficit zéro en fin de mandat. En jeu : une baisse des emplois aidés et du nombre de fonctionnaires, auxquels se substitueraient massivement des précaires sous contrats de missions.
Mais alors que sa politique et les affaires judiciaro-politiques minent sa popularité, Emmanuel Macron va-t-il pouvoir longtemps encore affirmer qu'il n'existe pas d'alternative ?


 

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