Avec la CGT exigeons une véritable retraite universelle : celle du Conseil National de la Résistance (CNR).
Par Richard Palao, ancien administrateur caisse de retraite régime général.
Macron affiche clairement sa volonté de dynamiter les régimes de retraite issus des luttes et du programme du Conseil National de la Résistance, pour les remplacer par un système qu’il prétend universel.
La manœuvre est subtile car Macron sait très bien que l’un des objectifs d’Ambroise Croizat et du CNR était de créer un tel système de retraite partie prenante d’un système de protection sociale couvrant l’ensemble des risques, bâtit sur les principes d’Unicité, d’Universalité et de Solidarité géré par les bénéficiaires eux-mêmes , autant d’énormes différences d’avec le système « universel » de Macron.
Le système universel de Macron sera un système par points or avec un tel système il en sera fini de la solidarité remplacée par l’individualisme qui favorisera les plus aisés, ceux qui ne seront pas chômeur, jamais malades et qui perçoivent de hauts salaires …
De plus avec un système par points les pensions ne sont plus calculées en fonction des salaires bruts soumis à cotisations, mais à partir de la valeur du point fixé par l’état, valeur qui peut donc varier à tout moment et on s’en doute, le plus souvent à la baisse en prétextant la lutte contre les déficits publics ou pour combler le « déficit » du régime …comme on vient de le subir avec nos retraites complémentaires .
Plus grave : lorsque la valeur du point sera revue à la baisse non seulement c’est le montant des futures retraites qui sera abaissé, mais également celui des retraites en paiement, alors que notre système actuel garantit que les retraites calculées ne peuvent pas être diminuées.
Macron entend de plus ajouter un dispositif dit « notionnel » qui permettra de faire varier régulièrement la valeur du point en fonction de l’évolution de la croissance et de l’espérance de vie, il sera donc impossible de connaître comme actuellement quelques années à l’avance le montant de sa retraite, ni à fortiori son âge de départ.
Avec la retraite macron tout le monde sera perdant : les futurs retraites comme ceux qui perçoivent déjà une retraite !
La CGT prétend être l’héritière de Croizat et du CNR, cette prétention légitime a pourtant beaucoup de mal à se traduire dans les faits : l’œuvre de Croizat n’a pu être menée à son terme d’abord à cause de sa mort prématurée, mais également à cause de l’éviction des ministres communistes, ainsi, pour la retraite le principe de l’Unicité n’a pu être réalisé puisqu’il existe 42 régimes de retraite !!!
La raison essentielle est que les éléments les moins progressistes du CNR, puis les partis de droite après les premières élections ont fait barrage à ce principe de l’Unicité en votant notamment au parlement la création des régimes de non-salarié ( commerçants artisans agriculteurs professions libérales …) clientèles électorales très individualistes qui refusaient d’être dans la même caisse que les ouvriers …
Face a cette situation qu’elle a été l’attitude de la CGT ? :
Force est de constater qu’elle a mis de côté l’objectif du CNR de créer un régime unique de retraite et qu’elle s’est installée dans le statu-quo acceptant l’existence de plusieurs régimes de retraite. Certes la CGT a toujours été présente pour défendre tous les régimes de retraite des salariés, qu’il s’agisse du régime général, de celui des fonctionnaires, de la SNCF, ou d’EDF/GDF...
Mais jamais au cours de ces combats, la CGT a mis en avant la nécessité de créer un régime Unique et Universel de haut niveau, mettant ainsi aux oubliettes les idéaux du CNR dans le domaine de la retraite.
Les batailles pour la défense des régimes de retraite se sont donc déroulées en ordre dispersé, chacun défendant son régime, sans aucune coordination, sans solidarité inter-professionnelle et inter régime, cette stratégie du chacun pour soi dont la CGT était partie prenante, s’est avérée mortifère : les pouvoirs successifs aux ordres du capitalisme et de l’UE ultra libérale ont intelligemment procédé par étapes, attaquant en premier le régime général en rallongement la durée de cotisations et repoussant l’âge de départ, puis ils ont progressivement aligné les autres régimes sur le régime général sans que cela suscite une large lutte unitaire chacun se croyant à l’abri d’une destruction pourtant prévisible, et ce sont successivement, le régime des fonctionnaires, le RSI, celui de la SNCF une première fois et une nouvelle foi aujourd’hui qui ont été concerné par cette entreprise de démolition en attendant que tous les régimes spéciaux y passent avec la retraite « universelle » Macron.
L’incapacité de la CGT et des autres syndicats à organiser la lutte de l’ensemble des salariés tous régimes confondus à permis au pouvoir et au MEDEF d’avancer victorieusement vers leur objectif de destruction de tout notre système de protection sociale, pour le livrer aux assurances privées.
Avec la retraite universelle de Macron , la CGT est face a sa responsabilité historique de meilleur défenseur des travailleurs :
- OU elle persiste à croire que la bonne stratégie consiste à défendre les 42 régimes de retraite existant et dans ce cas, hélas, il est quasiment certain que Macron arrivera à imposer son système avec l’appui de la majorité de la population qui ne voit pas les risques du système Macron, mais est largement favorable à un régime unique de retraite ….
- OU la CGT remet en avant les objectifs du CNR et revendique haut et fort la création d’un régime unique et universel de haut niveau financé par des cotisations assises sur les revenus du travail, toutes professions et activités professionnelles confondues.
Face à la politique de Macron, seul le « tous ensemble » peut le faire céder et permettre des victoires, or le régime de retraite unique est un thème fédérateur qui doit permettre de réaliser ce « tous ensemble » …
Battre Macron sur le terrain de la retraite constituerait une avancée majeure pour traiter à l’identique les autres risques (maladie, famille , chômage …) pour aller vers le Système de protection sociale voulu par Ambroise Croizat et le CNR :
UN SYSTEME UNIQUE UNIVERSEL SOLIDAIRE ET DEMOCRATIQUE.