À quel âge est-on vieux ?
« Nous ne vieillissons pas tous de la même façon : d’abord à cause de notre propre histoire, ensuite à cause de l’environnement social et affectif ».
Vieillir ! On commence à le faire dès notre naissance, mais on le vit différemment selon les périodes de la vie. Les plus jeunes sont impatients d’arriver à l’âge de tous les espoirs, de tous les possibles. Encore quelques petites dizaines d’année de relative plénitude et de satisfaction et arrive la souvent angoissante soixantaine. On entre dans la décennie de la rupture avec la vie dite active, encadrée, réglementée, aux horaires imposés mais rassurants.
Avec la retraite arrive une liberté que l’on a rêvée, espérée, mais que l’on découvre comme un prisonnier recouvre la liberté après des dizaines d’années d’entraves dans un cadre restreint. Cet espace infini, sans barrière, sans chemin tracé, angoisse autant qu’il ravit. S’ouvre un monde, une vie nouvelle à construire ! Mais tous n’ont pas les mêmes outils pour le faire.

 

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C’est rarement avec jubilation et impatience que l’on imagine sa vieillesse. Alors que cette nouvelle vie, bien à soi, devrait être envisagée avec tranquillité et sérénité, société et médias ne nous en montrent que la dégradation progressive de notre intégrité physique. C’est cette image de nos vieux jours qui fait aborder avec crainte cette nouvelle période de la vie.
Or, cette vieillesse-là est désormais précédée de vingt ou trente années d’une vie qui peut être bien différente. Des années pleines de dynamisme, de découvertes, de relations nouvelles, de rencontres… Et il n’est nul besoin de jouir d’une santé éclatante pour y prétendre.
Dans une société où les références sont : performance, productivité et rentabilité, où le jeunisme et l’apparence physique prévalent, il est difficile de trouver sa place lorsque l’on s’éloigne de ces critères imposés. Chômeurs, handicapés ou vieux, vous êtes éliminés du jeu social ! Or, c’est l’exclusion de la vie des autres, la peur d’être abandonné et la solitude qui rendent la vie des personnes âgées insupportable. La vieillesse n’est pas une maladie, c’est une chance ! La rendre heureuse ne dépend pas seulement des progrès médicaux, mais aussi et surtout d’un mieux vivre ensemble. La société pour tous les âges, respectueuse de toutes les générations, est à construire. C’est un combat et c’est le nôtre !


Odette Waks, psychiatre et militante CGT.

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